Les généralités de l'aide humanitaire.


Petit historique de l'aide humanitaire.

L'humanitaire existe depuis toujours car chaque être vivant révèle un penchant pour aider les autres. On y associe les termes d'entraide, de compassion et de solidarité. L'assistance à son prochain constitue un fondement de nombreuses religions, notamment le christianisme. C'est aussi l'un des cinq piliers de l'islam, l'aumône. La notion d'aide humanitaire telle qu'on la connaît aujourd'hui débute au XIXème siècle lors de la création de La Croix Rouge Française en 1863. La naissance de cette association marque le début de l'"humanitaire moderne". Ainsi, lors de la Première Guerre mondiale, La Croix Rouge Française mobilise plus de 68 000 infirmiers et près de 1500 hôpitaux auxiliaires pour les soldats malades et blessés.

Vitrail de l'Eglise Saint-Martin d’Etampes (Essonne) représentant la charité chrétienne. Le soldat saint Martin aperçoit dans sa route un pauvre qui a froid. Il coupe alors son manteau en deux pour le partager au plus démuni.

Manuscrit d'un hadith prophétique conservé dans la bibliothèque de l’université de Leipzig  (Allemagne) révélant l'un des cinq piliers de l'islam, faire l'aumône (langage de religion : donner la zakât). Dans l'islam, tout appartient à Dieu. Rien n'appartient donc aux humains et Dieu utilise les individus pour redistribuer les richesses.


L'humanitaire évolue pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) s'occupe toujours des prisonniers de guerre mais apporte également un soutien aux populations civiles pour lutter contre les pénuries alimentaires. Mais le CICR sera impuissant durant les persécutions du régime nazi. Progrès important, les Conventions de Genève de 1949, traités fondamentaux du droit humanitaire ont ainsi été ratifiés par tous les pays. D'après Rony Brauman, médecin français spécialisé dans l'humanitaire et les Conventions de Genève, "La Convention de Genève permet à tous les Etats de démontrer leur sollicitude et leur humanité en acceptant que dès lors qu'un prisonnier est blessé il devient un être humain, il n'appartient plus à cet Etat mais est restitué à l'Humanité. La distinction entre combattant et non combattant est la racine même de l'action humanitaire".

Photographie montrant des membres de La Croix Rouge Française intervenir durant la Seconde Guerre mondiale.

L'organisation épaule le secours national pendant toute cette période de crise.

En 1951, la première véritable institution internationale humanitaire est mise en œuvre sous le nom de HCR (Haut-Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés). Elle prendra un essor considérable dans les années 1980 avec l'explosion du nombre de réfugiés dans le monde. Durant les années 70-80, de multiples associations humanitaires font leur apparition sur le mode du bénévolat. Elles interviennent là où les secteurs sont difficiles d'accès, parfois au côté des mouvements de résistance. D'après Jean-Christophe Rufin, médecin, écrivain et diplomate français, "L'aventure cède parfois le pas à l'humanitaire". L'aide humanitaire persiste dans de nombreux pays du monde en difficultés : Vietnam en 1979, Ethiopie en 1984-85, Somalie en 1993...

Photographie prise lors de la signature de la charte de Médecins Sans Frontières par plusieurs médecins lors de sa création, le 21 décembre 1971.

L'aide humanitaire cache aussi des intentions politiques. Plusieurs pays bénéficiaires dissimulent scandales et corruption à travers ce secours venu des Etats riches. De 1990 à aujourd'hui, les bénévoles interviennent dans des pays en situation de conflit ou de guerre. Cela rend leur tâche plus difficile à accomplir car la priorité est d'assurer la sécurité de tous les individus présents sur le terrain. L'humanitaire a par ailleurs développé un visage économique, les différents Etats et associations étant en concurrence. L'aide humanitaire fait débat car ses interprétations sont vastes. Durant les décennies, cette notion a pris plusieurs facettes. Aujourd'hui, l'humanitaire est un sujet plus que jamais d'actualité, mis en avant par les interventions au Moyen-Orient et les scandales dans les ONG.

Les Organisations Non Gouvernementales.

Définitions

Une Organisation Non Gouvernementale est une organisation d’intérêt public. On en distingue deux grands types : les associations humanitaires et les associations de développement. Une ONG décide de manière autonome ses actions et ne dépend pas d’un État. Les membres sont des bénévoles ayant de réelles compétences à apporter et obtiennent des fonds publics et/ou privés.

Philippe Ryfman

Le terme « ONG » n’a pas de définition précise. Philippe Ryfmansociologue contemporain et auteur, propose une autre manière de le définir, en présentant des éléments communs comme par exemple :

  • La notion d’association (soit le regroupement de personnes privées) avec un projet non lucratif au bénéfice d’autrui ;
  • La forme juridique d’association à but non lucratif, selon les droits nationaux ;
  • Le fait d’être un espace autonome face à l’Etat ou à des puissances privées ;
  • « La référence à des valeurs impliquant, en même temps qu’un engagement librement consenti, la volonté affichée d’inscrire l’action associative dans une dimension citoyenne insérée dans un cadre démocratique », l’ONG faisant partie intégrante de la « Société Civile » ;
  • Le caractère transnational de l’action et des thématiques.

Différence entre une association et une ONG.

Les ONG peuvent être créées sous deux statuts : le statut d’association ou de fondation. La différence essentielle entre ces deux statuts est leur définition. Une association est en effet un regroupement de personnes (article 1er de la loi 1901), alors qu’une fondation est une personne morale de droit privé à but non lucratif créée par un ou plusieurs donateurs pour accomplir une œuvre d’intérêt général.  Les ONG françaises ont à 98% un statut d’association.

Les actions des ONG

L’humanitaire se situe ainsi dans les ONG de développement. Il existe un partenariat nord-sud. La plupart des grandes ONG agissant dans un but humanitaire se situent dans les pays du Nord, les pays pour la plupart riches et développés. Elles opèrent ensuite dans des pays à inégalités et/ou à situation d’urgence, situés majoritairement au Sud du globe.

Carte séparant les pays du Nord et pays du Sud du monde.

La levée de fonds et la création de projets sont plus faciles dans les pays du Nord grâce à la présence fidèle des donateurs. Toutefois, les ONG ont conscience des besoins d'un appui dans les pays du Sud et changent en développant des partenariats. Les ONG locales connaissent les contextes où intervenir. Elles restent alors liées aux ONG du Nord pour l’aide financière et matérielle.

Photographie d'une membre d'une ONG locale. Au Burkina Faso, une ONG locale en partenariat avec l'UNICEF incite les jeunes du village d'une province enclavée à manger mieux. Elles peuvent aussi grâce à ce mouvement faire perdurer les traditions locales.


Au final, les "partenariats" fonctionnent bien et permettent aux ONG d’avoir une place très importante dans les États du Sud. La rapidité de leurs actions, dans des situations d’urgence et leur capacité de mobilisation d’une population lors d’une situation de crise montrent une efficacité même plus importante que les agences gouvernementales. 

Les ONG ont ainsi pour but de collaborer avec des puissances économiques du Sud tels qu’entreprises, syndicats, Etats, organisations internationales et même d’autres ONG afin de mener à bien leur mission. Cet travail acharné qui prône les droits de l’homme a permis d’enclencher un dialogue entre les différents acteurs pour un respect de l’être humain et de l’environnement.

Les limites des ONG

Les ONG peuvent être non gouvernementales mais elles ne sont pas libres pour autant. Elles restent dépendantes de leur donateurs, ne peuvent pas prendre de position dans un parti politique et doivent rester neutre si elles souhaitent garder le plus d’adhérents.

Graphiques sous forme d'anneaux de l'association Action contre la Faim reflétant l'obligation des ONG d'être transparentes avec le monde public pour assurer la confiance avec les donateurs.

Graphiques sous forme d'anneaux de l'association Médecins Sans Frontières. Comme l'ONG précédente, la confiance est mise en valeur. L'ensemble des données datent de 2017, la communication des données au grand public prend plusieurs mois.


Les ONG ne sont pas seulement des outils pour aider les plus pauvres, ce sont également des associations qui souhaitent se renouveler pour assurer leur pérennité dont le maintien des emplois comme toute entreprise ou organisation. Une ONG doit aussi maintenir des activités dans son propre intérêt, pour continuer à financer son secrétariat et son personnel. Elle évite ainsi une perte de bénévoles importants et des réorganisations au sein de l’association qui peuvent être fatales.

Même si les ONG encaissent les dons, elles se doivent d’être transparentes avec le monde public sur le plan financier, pour d’une part donner confiance et inciter les gens à donner et d’autre part, prouver simplement que l’ONG respecte ses statuts.

Un regard critique sur l'humanitaire, notamment des ONG, est porté dans le Grand III.