Les bienfaits des ONG et le soutien aux populations dans le besoin n'empêchent pas d'avoir un regard critique sur leurs actions.
Les aides nécessaires au développement.
L'aide humanitaire dans les pays doit être adaptée aux besoins de ceux-ci sur le moment pour se révéler efficace. Elle peut espérer par la suite faire sortir le pays concerné de la crise. Il est loin le temps où les secouristes venaient le plus vite possible sans organisation structurée. Les bénévoles sont aujourd'hui diplômés et les Organisations Non Gouvernementales sont gérées comme des entreprises.
En intervenant dans les pays en crise, les bénévoles peuvent être tentés d'agir avec une culture qui n'est pas celle présente localement depuis des siècles. La manière d'agir et de penser face aux besoin peut être différente voire contradictoire. Les acteurs peuvent même entrer en conflit. Le manque de communication et, le plus souvent, le manque de prise en compte des avis locaux entraîne parfois un échec de l'aide. L'ONG n'aura pas répondu ou aura répondu d'une manière différente aux besoins exprimés au ressentis. Par exemple, à quoi bon tracer une route goudronnée pour rejoindre un village plus rapidement mais qui contournerait un autre village et le laisserait à l'abandon au dépit de ces habitants ? L'aide humanitaire doit répondre aux besoins d'une population sans mettre en danger les habitants voisins.
L'aide humanitaire est-elle toujours bénéfique pour les pays ?
Durant les soixante dernières années, les pays riches ont accordé plus de 1000 milliards de dollars d'aide humanitaire au développement à l'Afrique. Pourtant, la situation des pays n'a pas toujours évolué de façon positive. Pire, les Etats africains sont plus appauvris qu'auparavant. Le livre "Why Aid Is Not Working and How There Is a Better Way for Africa" (Pourquoi l'aide ne fonctionne pas, et pourquoi il y a une meilleure voie pour l'Afrique) de Dambisa Moyo, économiste zambienne spécialiste des aides étrangères et des relations internationales, déclare qu'arrêter toute forme d'aide humanitaire en Afrique est le seul moyen de casser la boucle et de pouvoir enfin sortir le continent d'une crise sans fin.
Graphiques comparant l'aide internationale et le PIB/habitant en Ethiopie et au Mozambique de 1979 à 2009. On constate que la part d'aide humanitaire consacrée aux pays augmente énormément tandis que le PIB des pays stagne voire diminue.
Aujourd'hui, 350 millions de personnes soit plus de la moitié de la population en Afrique vit avec moins de 1 dollar par jour. Le FMI en 2005 a publié un rapport qui cite "Aid Will Not Lift Growth in Africa" (l'aide n'augmentera pas la croissance de l'Afrique).
L'aide humanitaire accueillie par les pays bénéficiaires.
La plupart du temps, les ONG sont accueillies volontiers par les pays. Ceux-ci profitent parfois même de l'aide humanitaire pour ne fournir aucun effort de développement (infrastructures, œuvres de santé...). Il arrive au contraire que la sécurité des ONG ne soit pas assurée ou que des litiges éclatent entre responsables politiques du pays et dirigeants des ONG du fait de penser l'avenir du pays de manière différente. La coalition de Médecins Sans Frontières s'est, par exemple, retirée de la Somalie.
"La tolérance et le soutien des groupes armés et des autorités civiles aux violentes attaques contre MSF ne garantissent plus aujourd’hui les conditions minimales de sécurité indispensables au maintien des activités médicales de MSF en Somalie."
Communiqué de presse de Médecins Sans Frontières, 14 août 2013.
Le cas de Médecins Sans Frontières est loin d'être particulier. Dans de nombreux pays situés principalement sur le continent africain, on constate de l'insécurité. À Rutshuru, une localité de la République Démocratique du Congo, deux travailleurs humanitaires ont été tués par des personnes armées non identifiées. Ce climat rappelle que l'aide humanitaire est une activité à risque. Les ONG sont donc contraintes de se retirer des pays quand elles ne peuvent plus assurer la sécurité de leurs salariés au-delà d'un seuil critique.
La répartition du budget interne des ONG.
En France, l’article L. 612-4 du Code du commerce impose toute association et fondation recevant un montant supérieur à 153 000€ de dons dans l’année à « établir des comptes annuels comprenant un bilan, un compte de résultat » et leurs « assurer la publicité ». Les chiffres des documents ci-dessous proviennent d'une liste annuelle regroupant les associations reconnues d'utilité publique par le gouvernement français.
Tableau et graphique dévoilant le financement des différentes ONG dans le milieu de l'aide humanitaire en 2018. On dénombre les ressources totales, plus spécifiquement les dons provenant d'acteurs économiques privés, ainsi que les parts consacrées aux œuvres et frais de fonctionnement.
Ces documents permettent de comparer et de critiquer objectivement les ONG directement entre-elles.
Les documents regroupent plusieurs exemples d’associations majeures. On constate que les associations choisissent elles-mêmes les parts qu’elles consacrent aux opérations. Elles vont de 58% pour Amnesty International France à 91,6% pour Médecins Sans Frontières. Ce chiffre-clé met en confiance les donateurs. Ceux-ci se concentreront davantage sur une association consacrant 85% de ses ressources aux œuvres durant l’année qu’une autre y vouant à peine 30% de son budget.
Les frais de fonctionnement des ONG, critère qui occasionne le plus souvent des débats, couvre toutes les dépenses en dehors des opérations, soit salaires, charges, loyers, achats immobiliers... Dans le bilan des associations, les frais ne dépassent pas les 13%. Mais si nous prenons l'exemple de La Croix Rouge qui possède une ressource totale qui dépasse le milliard d’euro, les 5% de frais de fonctionnement représentent tout de même 63,7 millions d’euros.
La concurrence entre ONG.
Aujourd’hui, le nombre d’association à but humanitaire augmente considérablement. Elles ont toutes un même but, sensibiliser les populations à leur cause afin de collecter des fonds. Certaines sont pourtant plus reconnues que d’autres. Les associations doivent ainsi se démarquer, comme le ferait nimporte quelle entreprise. Elles s’exécutent le plus souvent par le "fundraising" terme qui désigne l’ensemble des techniques marketing pour trouver des sources de financement.
Trois moyens permettent aux ONG de se différencier les unes des autres.
Le premier moyen est le "street fundraising", ou l’interpellation de nouveaux donateurs dans des lieux publics. Des militants arpentent également des trottoirs affichant des t-shirts publicitaires à l’effigie d’une association. Ces recruteurs interpellent des donateurs potentiels dans la rue, leur expliquent la cause que défend l’association, puis leur demandent s’ils souhaitent signer une adhésion et ainsi devenir un donateur régulier.
Les "Recruteurs de Donateurs" peuvent être bénévoles de l’association ou salarié d’une entreprise comme "ONG conseil" qui vend des heures de collectes aux associations dans l’objectif d’obtenir des dons, donc de l’argent.
Un "recruteur de donateurs" du samu social de Paris en pleine action.
Le marketing digital ou la promotion d’une association à distance est le deuxième moyen à une ONG de faire sa promotion. Les courriers d’associations subsistent mais ils sont de plus en plus remplacés par des moyens numériques qui reviennent à moindre coût pour l’association. La création d’un site web, la publication de contenu sur les réseaux sociaux, l’envoi d’emails… sont des moyens numériques qui n’existaient pas il y a encore quelques années. Ils permettent de montrer les associations sous un nouveau jour, d’avoir une audience plus étendue, et donc d’obtenir toujours plus de nouveaux donateurs.
A noter que les contenus affichés sont construits pour être positifs, "porteurs" d'un point de vue commercial. Les photos sont claires, loin d'être choquantes, et donnent envie au destinataire de débourser toujours plus d’argent. Comme dans une entreprise, le client est soigné et considéré comme un roi. Les associations reposent essentiellement sur les dons des personnes privées.
← Galerie d'images de plusieurs comptes Instagram d'associations à but humanitaire.
Enfin, des partenariats entre entreprises et associations se mettent enfin en place afin de recevoir toujours plus de dons. Des entreprises s’engagent à être partenaire d’organisation particulière, notamment en versant des dons ou en créant des produits en collaboration. Un pourcentage du bénéfice sera par la suite reversé à l’association en question. Ce troisième moyen n’entre pas en contact avec des futurs donateurs mais avec des consommateurs, qui peuvent participer sans s’engager pour la suite. Les deux acteurs sont gagnants : l’entreprise y gagne une bonne image et l’association réalise une augmentation des dons.
Publicité de Louis Vuitton mettant en valeur des bracelets colorés pour lesquels une partie du prix de vente est reversé à Unicef.
Les associations mettent autant que possible ces moyens en œuvre afin de se démarquer des concurrents et d’attirer toujours plus de donateurs, leurs clients, dans leurs rangs.
Des scandales au sein des ONG.
Oxfam est une confédération internationale créée en 1995 par plusieurs organisations non gouvernementales indépendantes. Son objectif est de réunir les ONG afin d’augmenter l'impact de leur actions pour réduire, par la suite, la pauvreté et l’injustice.
En février 2018, un scandale remonte à la surface dans le milieu humanitaire. En effet, Oxfam, organisation internationale, mentionne un rapport révélant plusieurs abus commis lors d’une mission après le séisme de 2010 à Haïti. Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Durant ce même mois, d’autres révélations apparaissent. Selon Mark Goldring, directeur général d’Oxfam, "87 rapports d’incidents" ont été rapportés en 2017 au sein de l’ONG, allant d’affaires "mineures" à "très grave".
L’explosion de ce scandale a amené l’ONG à revoir l'encadrement des effectifs, 26 nouveaux cas de comportements sexuels inappropriés ont ainsi été amenés en enquête approfondie. Plusieurs pays sont concernés. Parmi eux, le Soudan du Sud, le Liberia, le Bangladesh et le Népal. Il paraît évident que d’autres pays sont affectés, mais les licenciements infligés aux criminels n’encouragent pas les pays à enquêter davantage pour faire éclater au grand public d'autres affaires.