L'aide humanitaire et ses différentes politiques.


Une politique de situation d'urgence : le Yémen.

Approche économique, politique, historique et géographique du Yémen.

A partir des années 1980, l'aide humanitaire d'urgence prend le pas sur l'aide humanitaire de développement. L'aide humanitaire d'urgence, plus impressionnante dans les images qui s'en dégagent, choquent plus les populations. Celles-ci compatissent et versent donc plus de dons. Aujourd'hui, le Yémen est un exemple type d'un pays en situation de crise nécessitant un véritable secours des pays développés.

Photographie d'une petite fille yéménite prise par Tyler Hicks, photojournaliste spécialisé dans les milieux de guerre le 27 octobre 2018. Elle a été publiée dans le New-York Times et a fait le tour du monde.

 

Censurée par Facebook, celle-ci est réaliste et dénonce la famine qui persiste au Yémen. Un enfant meurt de famine toutes les 10 minutes dans ce pays. Amal Hussain est morte de faim quelques jours plus tard.


Le Yémen est un des 193 pays reconnu par l'ONU dans le monde. Il est situé entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique, dans la région du Moyen-Orient, a pour capitale la ville de Sanaa et compte une superficie de 527 970 km². Cet Etat est issu de l'unification du Yémen du Nord et Yémen du Sud le 22 mai 1990 séparés historiquement. Cette réunification se fait en même temps que la chute de l'URSS, elle signifie aussi la fin de la guerre froide dans le monde arabe.

Le Yémen dans le monde.

Carte du Yémen avant 1990. On distingue le Yémen du Nord, la République Arabe du Yémen et Yémen du Sud, la République Démocratique Populaire du Yémen.

Le Yémen actuel.


Après la réunification du Yémen, le pays s'appauvrit. Il tombe rapidement en crise. De ce fait, des groupes se rebellent comme les Houthis dès 1992, un groupe armé de confession zaïdite, une branche qui suit l'enseignement chiite de l'Islam. Les chiites regroupent environ 15 à 20% de la population mondiale musulmane, 8 à 10 millions sont yéménites (15 à 20% de la population du Yémen). En 2011, le pays connaît la révolution yéménite. La pauvreté de plus en plus importante du pays pousse les habitants à manifester. Ce mouvement renverse le président Ali Abdallah Saleh, qui régnait depuis trente-deux ans. Abdrabbo Mansour Hadi prend sa place. A son tour, il est visé par un coup d'Etat en 2015 mené par les Houthis.

Vidéo publiée par Le Monde clarifiant la situation historique et actuelle de l'Etat du Yémen.

À travers cette ressource, on comprend qu'au fur et à mesure des années, le gouvernement a totalement perdu le contrôle de la situation.

Le président a même été obligé de fuir en Arabie Saoudite. Ces événements renforcent l'arrivée de groupes djihadistes.

Avec la fuite du président vers l'Arabie Saoudite, les organisations islamiques en profitent pour s'installer peu à peu au Yémen. Al-Qaïda et Daesh prennent ainsi leur part de pouvoir. Aujourd'hui, la situation du pays s'empire de jour en jour. Il est concerné par de multiples crises en répétition. Comptant 28.3 millions d'habitants en 2017 selon la Banque mondiale avec une croissance démographique de 2,6% en 2016 selon le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), l'espérance de vie reste tout de même égale à 65 ans en 2017 d'après la Banque Mondiale, le classant au 136ème rang mondial sur 183. Le Produit Intérieur Brut (PIB) enregistre une forte baisse ces dernières années : il vaut 18,213 milliards de dollars en 2016 contre 30,907 milliards en 2010, selon la Banque Mondiale.

Graphique interactif comparant l'évolution du PIB au Yémen au PIB français et mondial de 1991 à aujourd'hui. On constate une forte instabilité et plusieurs chutes du PIB du Yémen à partir de 2010, au moment où le conflit prend une ampleur nationale plongeant le pays dans le chaos.

L'Etat du Yémen reste paralysé économiquement. L'Indice de Développement Humain (IDH) en parallèle du PIB a lui aussi enregistré une chute historique ces dernières années. Il est de 0,452 en 2017, soit le 178ème rang mondial. Depuis le début du conflit, le cours de la monnaie locale, le riyal yéménite, ne cesse de décroître par rapport aux autres monnaies courantes, dont le dollar américain. Avant le conflit, il fallait débourser 220 riyals pour obtenir 1 dollar. En septembre 2018, 725 étaient nécessaires pour obtenir ce même dollar. Les exportations pétrolières en forte chute dès les premiers mouvements de contestation expliquent en grande partie cette perte de puissance économique, quand on sait que 65% des ressources de l'Etat provenaient de ce milieu.

Graphique montrant l'évolution du cours du riyal yéménite par rapport au dollar américain de 1990 à 2019. On constate bien l'effondrement de la monnaie locale.

Graphique caractérisant l'évolution du cours du riyal yéménite par rapport au dollar américain de 2010 à 2019, soit depuis le conflit d'ampleur national au Yémen. À l'exemple du graphique ci-contre, on remarque aussi l'effondrement du riyal yéménite.


Depuis septembre 2018, des habitants se rassemblent lors de diverses manifestations et crient au scandale en dénonçant la corruption et l'inaction de l'Etat face au naufrage du pays. Le gouvernement se retrouve confronté à plusieurs problèmes majeurs. L'accès aux soins, à l'éducation et à la sécurité même n'étant pas garantie, la situation est hors de contrôle. 80% de la population yéménite dépend de l'aide humanitaire. Plusieurs partis politiques ou clans se partagent désormais le territoire du Yémen, suite à la prise conscience et à la réaction mondiale trop tardive, ce qui complique encore un peu plus la place de l'état face au désordre général. L'effondrement des structures gouvernementales favorise les groupes islamistes.

Carte du conflit au Yémen au 17 avril 2015 par Mark Monmonier, professeur de géographie à l'Université de Syracuse, en Italie. Elle met en valeur les zones de pouvoir et d'influence des différents mouvements politiques et permet de constater que trois grands partis se disputent le territoire.

Carte du conflit au Yémen actualisée par des utilisateurs de Wikipédia en septembre 2018, d'après une carte originale de Mark Monmonier. Celle-ci recentre la même légende que la carte ci-contre, et permet de distinguer l'évolution de la répartition du pouvoir du Yémen en 3 ans. On aperçoit alors une grande instabilité politique. Avec l'entrée de la coalition du Sud dans le conflit, quatre grandes puissances se disputent maintenant le territoire.


L'action des différentes ONG dans le but de secourir la population yéménite.

Avec un territoire de plus en plus segmenté, le Yémen est aujourd'hui un pays anéanti. Les associations à but humanitaire interviennent donc dans différents secteurs afin de sauver ce qui peut l'être et de lutter pour que les plus démunis disposent du minimum vital. L'exemple de Médecins Sans Frontières.

Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence aux Nations Unies.

"La situation humanitaire au Yémen est la pire au monde : 75 % de la population, soit 22 millions de personnes, a besoin d’une aide et de protection, dont 8,4 millions sont en situation d’insécurité alimentaire grave et dépendent d’un apport en nourriture urgent. La situation humanitaire au Yémen est sombre. Nous perdons la lutte contre la famine."

Mark Lowcock, discours devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 21 septembre 2018.


Témoignage de Michel Sauer, 68 ans, chirurgien thoracique cardio-vasculaire chez Médecins sans Frontières, sur sa mission au Yémen.

 

Médecin de formation, Michel est contraint de cesser son activité professionnelle suite à un problème de santé. C’est alors qu’il se rapproche de Médecins Sans Frontières. Ayant un attachement particulier au continent africain, il souhaite revenir sur les traces de ses pas de jeunesse. Sa première mission est déjà choisie : Aden au Yémen. Il s’envole alors pour une semaine à Londres faire un stage de préparation à la chirurgie de guerre car les techniques pour soigner sont très lointaines : il faut par exemple laisser une plaie par balle ouverte quelques jours pour en extraire les débris contrairement à une plaie ordinaire que l'on recoud tout de suite. En juin 2017, en mission à Mossoul, son convoi est pris pour cible par un sniper. Par chance, la balle passe dans le siège situé à sa gauche. À la suite de cet événement, il termine sa mission mais décide par la suite de choisir une de destination plus pacifique.

  

Michel retourne au Yémen pour sa sixième mission avec MSF du 20 mai au 21 juin 2018. Il décrit le paysage comme un « retour à l’Enfer », 18 mois après Aden. Le Yémen selon lui est « un pauvre pays pauvre ». Il n’y a plus ni police, ni route, ni agriculture, ni santé, ni justice. Michel se plaît tout de même dans l’hôpital d’Aden très bien équipé à son goût avec une équipe de médecins et d’infirmiers locaux compétente et dévouée. Que les habitants soient civils ou rebelles, tout le monde est pris en charge par MSF et une pièce “anonyme” est réservée pour les patients aux opinions sensibles dans le but d’éviter des conflits internes. Même si les conditions de vie sont confortables, l’hôpital vit au rythme des bombardements. En août 2016, les locaux de MSF avaient déjà été bombardés à Aden. À chaque annonce de frappe aérienne, l'hôpital entier se réunit dans une pièce refuge au sous-sol. Une glace renforçant les vitres pour éviter qu’elles n’explosent est aussi installée. Michel décrit un quotidien d’horreur humaine : chaque semaine, chaque jour, chaque heure arrivent un nombre infini d’habitants locaux aux portes de la mort : certains ont une jambe coupée par une mine, d’autres une rupture abdominale avec les intestins et tripes qui sortent… Les médecins ne s’habituent pas à cette souffrance. Ce sont des images qui leurs restent gravées à vie, elles sont souvent compensées par la sortie de l’hôpital des patients guéris et de nouveau indemnes mais pour combien de temps encore…

Photographie de Michel (au centre) lors de sa mission à Aden au Yémen. Il est entouré par son équipe compétente et dévouée.

© Dépêche du Midi


Pour aider la population dans ce pays à politique instable, Médecins Sans Frontières prône l'accès aux soins. L'ONG développe plusieurs centres médicaux dans tout le pays, évoluant selon sa situation. Les risques sont nombreux : le 26 octobre 2015, l'hôpital d'Haydan est victime d'une frappe aérienne. Au total, les attaques à l'encontre d'MSF on fait 21 morts et 33 personnes. L'organisation a déclaré dans un communiqué sur Twitter : "Avec des structures dans des zones régulièrement touchées par des frappes aériennes, #MSF s’inquiète pour la sécurité de son personnel et de ses patients". Ces destructions confortent le climat de terreur dans lequel les habitants survivent.

Photographie prise après le bombardement de l'hôpital d'Haydan, au Yémen. Celui-ci est complètement détruit.

Photographie prise après le bombardement d'un hôpital humanitaire, au Yémen.


 Malgré les dangers, les bénévoles continuent d'affluer. L'association n'est pas en manque de personnel et au contraire se voit même refuser des demandes. Avec neutralité, elle redirige les volontaires vers d'autres associations. Les centres médicaux prennent en charge aussi bien les patients atteints d'épidémies comme le choléra que les victimes des bombardements. Les actions de Médecins Sans Frontières ont permis de sauver de multiples vies qui ne se comptent pas, ou plus. Le pays, lui, est effondré.

D'autres associations interviennent en parallèle de MSF. L'UNICEF incite la population française à faire des dons en ligne, dans le but d'aider les yéménites en denrées indispensables. Elle précise que même l'eau est devenue trop chère. Action contre la Faim fait aussi du Yémen une de ses priorités. Enfin, le WFP (le Programme alimentaire mondial, organisme d'aide alimentaire de l'ONU) demande aux différents groupes armés de ne pas perturber l'approvisionnement des ressources, ce qui serait "susceptible de faire basculer des millions de personnes vers la famine et la mort".

"Nous continuons nos programmes en nutrition et santé, notamment par la prise en charge de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans et leurs mères ; en sécurité alimentaire et des moyens d’existence, par la distribution directe de nourriture ou d’argent et/ou de coupons alimentaires ; complétés systématiquement par des actions en eau, assainissement et hygiène (promotion et distribution de kits, réhabilitation de points d’eau et de latrines). Des formations du personnel de santé ont aussi été dispensées."

Message informatif d'Action contre la Faim, sur leur site internet,

afin d'informer la population sur les actions de l'ONG.

Photographie montrant l'action de ACF au Yémen.


La situation n'est pas pour autant réjouissante. L'action des ONG est basée sur une situation d'urgence et ne pourra pas durer indéfiniment. De plus, plusieurs personnes sur place ou à l'international signalent des vols dans l'aide humanitaire, cette hypothèse reste cependant à vérifier. L'état du Yémen ne cesse pourtant d'empirer : le bilan humain est effroyable, les accès aux besoins primordiaux sont coupés, le pays entier est dévasté et l'économie est effondrée. Au vu de la position délicate du pays entre les groupes rebelles armés, les djihadistes, la population livrée à elle-même et incapable d'être autonome, le pays mettra plusieurs années voire dizaines d'années à se relever et gardera des séquelles de cette crise sans précédant encore longtemps.

Une politique de situation durable : l'Arménie.

Approche économique, politique, historique et géographique de l'Arménie.

Si l'aide humanitaire de situation d'urgence est aujourd'hui plus populaire dans le monde, celle de développement reste pour autant indispensable afin d'aider un pays à se développer durablement, et faire en sorte qu'une fois autonome, celui-ci puisse aussi aider les autres pays en terme de secours international. Les ONG sont aujourd'hui très impliquées dans ce soutien. Étude de cas de l'Arménie, un Etat où les traces du passé et la corruption handicapent son chemin vers l’auto-gouvernance.

Photographies montrant un exemple d'aide humanitaire de développement. Ici, l'association Développement et Paix aide les philippiens victimes du typhon de 2013. Elle promet "Au-delà de l'aide humanitaire, un impact durable". Selon les chiffres de l'ONG, 550 familles ont pu bâtir un nouveau village, 1 046 familles ont lancé 85 petites entreprises et 20 000 personnes ont reçu une formation technique dans le but de trouver un emploi.

L'Arménie est aussi un des 193 pays reconnu par l'ONU dans le monde. Il compte aujourd'hui 3 millions d'habitants. L'état actuel a acquis son indépendance à la suite de l'effondrement de l'URSS le 21 septembre 1991. Après de nombreuses guerres de territoires, la superficie du pays est réduite à un dixième de ce qu'elle était à l'antiquité soit aujourd'hui un territoire de 29 743 km². L'Arménie est située dans la région du Petit Caucase entre l'Asie, le Moyen-Orient et l'Europe. Sa capitale est Erevan.

L'Arménie dans le monde.

Carte indiquant l'évolution du territoire arménien. On constate donc bien la diminution de la surface de l'état.

L'Arménie actuelle.


L'histoire de l'Arménie est complexe. Les dernières recherches scientifiques prouvent que des civilisations ont émergées dès l'an 6000 av. J-C. Dès lors, l'Arménie est livrée à de multiples guerres de territoire. En 1914, la population arménienne est très présente dans la région historique mais le territoire est sous l'emprise ottomane. Le génocide arménien a lieu entre 1915 et 1916. L'empire turc, allié de l'Allemagne est en guerre contre l'Empire Russe, allié de la France. Le gouvernement turc ordonne le massacre des arméniens doutant de leur fidélité à l'Etat. Faisant entre 1,2 et 1,5 millions de morts arméniens, soit la moitié de leur population, ce génocide traumatise à jamais le pays.

Carte de l'Empire Ottoman en 1914. La région de l'Arménie dépend de cet Empire.

Carte du génocide arménien et de ses déportations.


Avec l'effondrement de l'Empire Russe après les révolutions de février et octobre 1917, une partie du territoire historique de l'Arménie est plus ou moins autonome. Elle n’accédera à son indépendance totale que le 21 septembre 1991. Levon Ter-Petrossian est alors élu président mais lors de son second mandat, il est accusé de fraude. Économiquement, le pays a du mal à se développer. En 2016, un tiers de la population locale reste sous le seuil de pauvreté national tandis que le PIB augmente, mais reste inconstant.

Graphique interactif de l'évolution du PIB de l'Arménie de 1990 à aujourd'hui. On remarque une évolution due à la recrudescence des industries situées en zone urbaine mais aussi une forte instabilité. Cette courbe confirme la situation du pays, une croissance fragile.

Graphique interactif de l'évolution du ratio de la population pauvre en fonction du seuil de pauvreté national dans le pays en pourcentage. Cette seconde courbe montre elle aussi la situation du pays : une amélioration lente, fragile mais insuffisante. En 2016, 29,4% des arméniens vivent encore sous le seuil de pauvreté national.


À cause de la forte immigration lors du génocide, l'Arménie possède aujourd'hui une réelle diaspora à travers le monde. Répandue dans des pays pour la plupart développés, celle-ci apporte une aide économique indispensable au pays. Par associations ou fonds privés directement, ce soutien boursier aide grandement les familles. Il reste difficile d'établir le nombre précis d'arméniens vivant à l'étranger car certains pays comme la France n'autorisent pas des comptes officiels en fonction des origines. Le conflit actuel avec l’Azerbaïdjan n'incite pas les jeunes à rester, se pose alors le problème du vieillissement de la population. Pour y remédier, des forums sont régulièrement organisés autour de la diaspora. L'objectif du gouvernement est d'atteindre les 4 millions d'habitants d'ici 2040, mais avec un pays dans une situation fragile, la visée semble ambitieuse.

Planisphère présentant la diaspora arménienne dans le monde. On remarque qu'elle se concentre principalement dans les pays frontaliers comme l'Iran, Chypre, le Liban ou développés comme les Etats-Unis, le Canada, l'Australie ou encore la France. Aujourd'hui, la diaspora arménienne serait trois fois plus importante que sa population locale.

La plupart de l'industrie se concentre aujourd'hui à Erevan, laissant une agriculture encore très traditionnelle à la campagne. Avec un taux de chômage d'environ 20%, la population compte aujourd'hui beaucoup sur elle-même, encore plus quand elle vit loin de la capitale dans les régions montagneuses. Bon nombre d'usines sont aussi abandonnées car elles ont fermées après l'indépendance du pays, faisant plonger des millions de personnes dans le chômage.

L'agriculture encore traditionnelle en Arménie.

Une usine à l'abandon en Arménie.


L'action des ONG dans le but d'aider la population arménienne.

Des associations comme Médecins Sans Frontières interviennent dans des pays comme l'Arménie dans le but d'améliorer les conditions de vie durablement dans le cadre de la santé. D'autres comme Solidari'terre proposent d'améliorer le quotidien des enfants dans des villages reculés du pays en proposant des divertissements. 

"Si la plupart des enfants est scolarisée, la qualité des infrastructures n’est pas propice à leur épanouissement. Aucune rénovation n’a été entreprise depuis la chute de l’URSS. Notre projet est, tout d’abord, de reconstruire un centre culturel dont les vestiges datent encore de l’époque communiste, puis de lui donner vie !"

Message informatif de Solidari'Terre sur le site internet de l'association.

Photographie d'un camp pour enfant humanitaire en Arménie. Les divertissements sont mis en valeur.

Suite du témoignage de Michel, qui après son accident à Aden a décidé de continuer ses missions dans un milieu plus calme, et donc dans une politique de situation durable : l'Arménie.

 

Michel découvre un pays qu’il décrit comme magnifique mais affaibli par la corruption. La tuberculose, maladie grave, fait des ravages en Arménie. Due à une mauvaise hygiène de vie, plus particulièrement le tabac qui est consommé par les « vrais hommes », elle est devenue omniprésente et résistante aux antibiotiques au fur et à mesure du temps. Il n’y a pas eu d’opération de la tuberculose depuis 3 ans dans ce pays. Le chirurgien part donc en décembre 2017 pour 10 jours de mission préparatoire dans le but final d’opérer des patients. Le matériel présent là-bas est neuf mais en non utilisé car en panne : la situation a tourné au fiasco. Michel et son équipe sélectionnent six patients à préparer pour être opérés. La chirurgie de la tuberculose est difficile : on passe par les côtes pour atteindre les poumons, elle fait mal et est douloureuse. De plus, on peut avoir de nombreuses complications (fuites d’air par exemple). L’équipe soignante composée de médecins français et arméniens est totalement transparente avec les patients. Michel décrit le chirurgien local comme très bien formé et compétent. En mars 2018, il est de retour en Arménie et opère les six patients. Un d’entre eux décède par la suite de complications respiratoires. Pour le futur, d’autres patients sont en train d’être sélectionnés pour l’opération. Il manque de l’argent et un chirurgien (cette opération nécessitant deux chirurgiens) à Erevan pour être totalement autonome sur l’opération de la tuberculose. Par ailleurs, MSF fait des opérations de tuberculose depuis longtemps, ce n’est qu'une étape sur une mission à long terme.

 

Durant ces missions, le chirurgien de guerre se demande comment il en est arrivé à être dans sa situation, lui qui pourrait vivre d’une retraite si paisible en métropole… Il donne comme réponse que ces missions deviennent une addiction, dès que l’on rentre, la seule envie est de repartir. Michel aime ce qu’il fait, et compte d’ailleurs continuer ces missions, qui sont devenues indispensables au vu de la situation actuelle et future du Yémen particulièrement.

 

Ce témoignage a été recueilli le 25 octobre 2018 à l'Espace des Diversités et de la Laïcité de Toulouse par nos soins.

Reportage "Chronique d'une chirurgie", en Arménie. Cinq épisodes sont disponibles.

Ces vidéos retracent la mission de Michel, du point de vue des patients dans leur quotidien.

Le photographe Martin Holík a réalisé plusieurs clichés lors de son périple en Arménie en 2015. On peut alors constater les grandes inégalités de développement présentes dans le pays. Tuyaux d'évacuation en pleine rue, peinture des écoles rouillées, habitations insalubres... l'Arménie peine à améliorer son statut. Les images parlent d'elles-mêmes.  ©  Martin Holík

L'objectif du gouvernement est simple : développer durablement le pays pour devenir un pays riche. Seulement, pour y arriver, faut-il encore que l'objectif des 4 millions d'habitants d'ici 2040 soit atteint car le pays manque de main d'œuvre. Aujourd'hui, selon un récent sondage, 40% des arméniens ne seraient pas contre l'idée de migrer. Pire, le taux de natalité stagne à 0%. Le soutien financier, médical et psychologique offert par l'aide humanitaire sera-t'il suffisant pour atteindre l'objectif du gouvernement ? Ce n'est pas gagné d'avance.